2CVA : Quelles sont les études à suivre pour devenir journaliste ?

Isabelle Solers : Il y a de nombreuses formations qui permettent d'accéder au métier de journaliste, comme un DUT ou une école de journalisme par exemple. Je conseille d’étudier avant dans un domaine comme les lettres, les sciences politiques ou encore l’économie afin d’apporter ses propres connaissance.

2CVA : Avez-vous toujours voulu être journaliste ?

I.S. : Non, je voulais être écrivain. J’aimais la rédaction, manier les idées, être au contact des gens et découvrir des choses. Au départ, j’ai travaillé dans le monde du cinéma. Cela fait 20 ans que je suis journaliste, j’ai travaillé pour le magazine de la santé, pour France2 et France3 et enfin pour TV5 Monde.

 

2CVA : Combien y a-t-il de personnes qui travaillent dans une rédaction ?

I.S. : Cela dépend car il y a plusieurs types de médias et un grand nombre de métiers divers. Cela peut aller de 10 à 200 personnes selon les chaînes.

 

2CVA : Que pensez-vous des médias sur Internet ?

I.S. : C’est une question assez large mais je dirais qu’avec les nouvelles technologies et notamment les smartphones, chaque citoyen peut s’improviser journaliste. Cela apporte des avantages comme des inconvénients, est-ce la personne va faire preuve de sincérité ? Va t-elle truquer ses informations ? Il peut y avoir une manipulation de l’information ou encore une des difficultés à vérifier l’information.

 

2CVA : Pensez-vous que certains sujets sont trop médiatisés ?

I.S. : Il y a des sujets qui orientent les opinions. par exemple, je me souviens d’une histoire sur un vieux monsieur qui avait été molesté par des jeunes des quartiers, on l’a filmé jusque dans son lit d’hôpital, c’était exagéré. Cela a servi à Marine Le Pen pour prôner un discours contre l'immigration et les banlieues. Concernant certains sujets tels que les attentats, il y a irresponsabilité de certains médias, tels que BFMTV par exemple qui a été accusé d’avoir potentiellement mis des gens en danger. Je suis vigilante quand j’interroge quelqu’un. Par exemple, en Afrique, mes collègues font souvent témoigner des populations sur des situations réelles mais parfois en préservant leur anonymat afin de ne pas les mettre en danger.

 

2CVA : Quelle est votre position sur Charlie Hebdo ?

I.S. : Il s’agit d’un magazine satirique qui ne supporte pas les extrémismes, qu’ils soient politiques ou religieux, de toutes les religions il faut le préciser. Je pense qu’ils ont mis l’huile sur le feu et qu’ils n’ont peut être pas considéré qu’ils ont blessé des gens (qui n’attendaient d’ailleurs que ça pour allumer la mèche). Néanmoins, je ne trouve pas normal que l’on puisse être assassiné pour avoir publié quelque chose.

 

2CVA : Que pensez-vous des journalistes qui évoquent la vie privée des stars ?

I.S. :  C’est une intrusion dans la vie privée. Ce genre de média a tellement l’habitude d’être en procès qu’ils consacrent un budget pour les procès ! d’autre part, ce type de presse fonctionne car il y a un public pour l’acheter.

 

2CVA : Vous a-t-on déjà refusé une interview ?

I.S. : Oui car cela peut être déplaisant pour certains. Néanmoins, nous proposons toujours le droit de réponse; par exemple lorsque les usagers se plaignent des retards fréquents de trains, nous demandons toujours aux responsables d’apporter leur point de vue afin d’aborder le problème sous plusieurs angles et être ainsi objectif. D’autre part, il s’agit également du contexte. On m’a déjà demandé d’aller interroger des familles endeuillées suite à des accidents, comme le crash du Concorde et je n’ai pas trouvé cela correct.

 

2CVA : Avez-vous déjà risqué votre vie dans le cadre de votre métier ?

I.S. : Non car je n’ai jamais été reporter de guerre mais j’ai des amis journalistes qui ont été emprisonnés. Certaines rédactions refusent d’ailleurs d’envoyer les journalistes sur certaines zones de guerre.

 

2CVA : Quel a été votre plus beau voyage ?

I.S. : Je n’en ai pas fait beaucoup mais j’ai vraiment gardé un super souvenir de l’Argentine où je suivais un boulanger qui avait très bien réussi dans la vente des pains français. Ou encore à Lille,où j’ai rencontré un homme handicapé qui avait perdu son bras droit et qui a eu le courage de me raconter son histoire.

 

2CVA : Y-a-t-il des graphistes qui travaillent à TV5 Monde ?

I.S. : Oui bien sûr ! Il y a plein de métiers différents à la télévision, nous avons même des illustrateurs sonores.

 

Propos recueillis par les 2CVA en accord avec Isabelle Solers.